Comme il est difficile pour moi de sortir de mon village et de quitter longtemps mes anges de Mouda, j’oublie souvent que le Cameroun, appelé aussi
’’Afrique en miniature’’,
comporte tous les paysages de l’Afrique en lui seul.
Mes semaines étant comptées avant de mon retour au Canada, j’ai décidé, en compagnie de d’autres volontaires, d’aller passer un week-end chez Élise, une amie volontaire qui l’arrondissement de MAGA.
Chaque région a sa spécificité. À Maga, on retrouve, entre autre;
L’eau, les pirogues, les poissons et les fameux hippopotames d’Afrique!
Depuis le mois de Septembre qu’on demande à Élise de nous prévenir lorsque les hippopotames se montreront le nez à Maga!Et bien voilà!!Ils sont là!!!Bel et bien là!!
Après une belle soirée entre amies ‘’Nassara’’ et une bonne nuit de sommeil, nous voilà parti en moto vers le fameux fleuve de MAGA. Entre les manguiers et les forêts d’eucalyptus se dessine un paysage fabuleux.
Vraiment, chaque région nous offre des vues incroyables. J’ai crié de joie lorsque la moto a choisie comme trajet de grandes dunes de sable longeant le fleuve Logone. On pouvait déjà assister à un spectacle incroyable en voyant toutes ces petites pirogues avec mes amis africains en train de pêcher. Je pouvais aussi apercevoir plusieurs hommes, immergés dans l’eau, immobiles, en train de surveiller leurs cannes à pêches en suspension, fraichement fabriquées de bois. Ici, on ne trouve pas de canne à pêche comme au Québec, soit en métal, bien ornées de nos couleurs favorites. Les gens fabriquent leurs propres cannes à pêches, avec le bois qu’ils trouvent. Tout comme les agriculteurs fabriquent leurs houes et leurs haches pour cultiver les terres.
Donc, promenade en moto, gros soleil, grand cours d’eau ( il m’est tellement rare de voir de l’eau que je me sentais comme à la mer avec cet odeur de poisson) , 40 degrés, cheveux de plus en plus longs dans le vent .
Je suis en Afrique et j’en remercie le ciel .
Mon souhait de la journée; Voir mes fameux hippos!!!
C’Est après avoir dégusté quelques mangues que nous 4, petites volontaires canadiennes, embarquons dans notre petite pirogue, gentiment dirigée par un ami africain.
Cela faisait à peine 8 minutes que nous naviguions qu’un gros hippopotame entame sa course derrière notre pirogue!!!!
Par chance que nous étions munis d’un moteur. C’Est-ce qui fait d’ailleurs la différence entre notre pirogue et celle des pêcheurs africains. Ceux-ci naviguent sur le fleuve à la recherche de poissons dans une simple petite pirogue de bois, équipée de deux petites rames.
Moi qui aime exagérément le risque, je me voyais très déçu d’être dans une pirogue un peu plus grosse. J’aime beaucoup être sur le même pied d’égalité que les locaux qui m’entourent.
Cependant, en cette journée du 27 mai 2012, j’ai remercié le ciel lorsque j’ai vécu la scène suivante;
Pendant que je riais et que je filmais tranquillement de gros hippopotames en train de se faire bronzer les oreilles, une scène beaucoup moins drôle venait de se dérouler à quelques mètres de notre pirogue. Une maman hippo voulant protéger son bébé a décidé d’attaquer la pirogue des deux jeunes pêcheurs se trouvant derrière nous. Les hippopotames ne mangent pas les hommes, mais lorsqu’ils attaquent, ils ouvrent bien grandes leurs mâchoires et croquent l’homme et tout ce qui se trouve autour de lui, pirogue comprise. Nul besoin de mentionner qu’un seul coup de mâchoire est sans contredit, mortel.
Heureusement, la maman l’hippopotame n’a pas atteint les hommes avec ses énormes mâchoires.
Elle a cependant cassée la pirogue en deux, projetant les deux hommes à l’eau.
Lorsque j’ai aperçu la scène, mon cœur a cessé de battre. Voyant la pirogue en train de couler complètement, et les deux africains en train de crier en nageant vers nous à la recherche de secours, j’ai compris ce qui se passait. J’ai aussi compris qu’à tout moment, l’hippopotame pouvait surgir de l’eau afin d’attaquer, devant mes propres yeux, ces deux africains en train de se battre pour leur vie.
Jamais je n’oublierai comment j’ai pu me sentir à ce moment précis.
Pendant que notre pirogue se dirigerait le plus rapidement possible vers les deux hommes, la terre a littéralement arrêté de tourner sur le lac de Maga.
Tous les habitants, qui avaient vu la scène au loin, étaient massés sur la rive, en attendant la suite des évènements.
Il faut préciser que la semaine avant notre visite ici, un homme avait trouvé la mort de la même façon. Il s’agit d’une mort atroce, et malheureusement très courante dans cette région du Cameroun.
L’hippopotame est un des animaux les plus dangereux de notre planète. C’est donc à chaque jour que les africains de Maga risquent leur vie à la recherche de nourriture pour nourrir leurs familles ainsi que pour fournir le poisson aux autres régions du Cameroun.
Bref, cette journée-là, on dirait ici que ‘’Dieu était avec nous’’. Quelques minutes après l’attaque de l’hippopotame, voilà qu’un premier homme est secouru.
L’homme est embarqué dans le bateau, à bout de souffle, et… pratiquement nu….
La nage rapide lui avait enlevée tous ses vêtements en chemin.
Je dois dire qu’à ce moment précis, le regard des 4 petites canadiennes se sont croisé, sourire en coin. C’était inévitable.
…
Plus que quelques mètres avant d’atteindre l’autre homme…!!
L’hippopotame va-t-il arriver avant nous?
Heureusement, nous avons été plus rapides que l’animal et le deuxième homme a pu embarquer dans le bateau à son tour. C’était un choc pour tout le monde. Les deux jeunes africains n’ont pas été blessés, mais leur vie a bien failli se terminer de façon horrible en cette journée du 27 mai.
Arrivé sur la rive, tous les habitants nous ont applaudies et nous ont remerciés. Il est rare de voir des expatriés ici, et il est d’autant plus rare d’avoir la chance d’être secouru par une pirogue avec 4 petites blanches à l’intérieur.
En Afrique, tout comme dans la vie d’ailleurs, tout est imprévisible et tout peut basculer en une fraction de seconde. Qu’on parle ici de santé, d’accidents ou des caprices de Dame Nature.
D’ailleurs, parlant de Dame Nature, les habitants de Mouda attendent impatiemment la pluie. Ils ont planté leurs récoltes de mil et de coton, mais s’il ne pleut pas dans les semaines, voir les jours à venir, les récoltes se perdront, ce qui causera une grande famine dans la région. Ils ont donc commencé à faire des rituels pour faire tomber la pluie, tels que bruler la montagne ( on dit que cela fera tomber la pluie), ou encore la danse de la pluie, accompagnée de Tam-Tam et de chants.
La chasse fait aussi partie du rituel pour faire tomber la pluie.
Nous sommes plus que jamais à la merci de la température ici.
Bref, pour en revenir à mes hippopotames, cet aventure restera inoubliable pour nous tous. Tout comme le reste du week-end passé chez Élise. Dans cette région, s’il pleut, on ne peut plus sortir des villages, car il n’y a pas de goudron. Les ‘’routes’’ sont en terre, ce qui fait que s’il y a la pluie, les motos ne peuvent plus circuler, car d’immense trou d’eau et de boue bloque le chemin, souvent jusqu’au lendemain. La pluie nous a donc surpris alors que nous étions en route sur la moto! Que de fous rires et d’aventures.
Un trajet qui aurait pu facilement durer une heure a duré 3 heures de plus.
Le taximan trouvait ça un peu moins drôle pour sa part.
ViVe l’Afrique!!!
L’Aventure jour après jour.
Chaque village a donc ses réalités et ses difficultés.
Alors qu’à Maga les récoltes poussent mais la pluie bloque les activités,
à Mouda, on peut bien travailler, mais la pluie se fait attendre.
Le Cameroun; l’Afrique en miniature.
Tous les climats, tous les paysages, tous les défis, en un seul pays.
Et ce cher Cameroun, je le quitterai bientôt, mais avec l’idée ferme d’y revenir prochainement, en visite, ou en mission une fois de plus.
Quand tu as goûté à une expérience aussi riche, il devient par la suite impossible de fermer les yeux sur tout ce que notre planète nous offre comme possibilité.
Je n’ai rien contre une vie stable, avec la maison, le travail, le fond de pension, la sécurité financière et matérielle. Mais je me rends compte que ce n’est pas une fois retraité que j’ai envie de profiter de la vie. J’ai envie de le faire à chacune des journées qui m’est donnée de vivre, et je me rends maintenant compte que c’est possible.
La routine du quotidien avec un emploi stable, c’est sécurisant.
Mais pour les aventuriers
…
‘’SKY IS THE LIMIT’’
À titre d’exemple, une volontaire ici, venue en mission 6 mois pour aider le Cameroun, a quitter son important poste au gouvernement canadien à son retour de mission, se rendant compte que de passer le restant de sa vie à travailler dans un bureau, du lundi au vendredi , de 8h à 17 h, ne le rendrait plus heureuse.
Certes, elle avait la sécurité financière, le fond de pension, et beaucoup d’avantages encore.
Mais l’Afrique a changé sa façon de voir la vie
…
et la façon dont elle voulait vivre sa vie.
Cette volontaire s’envolera donc pour la Guinée prochainement, afin d’aider son prochain dans une nouvelle mission, et d’ainsi partir à la découverte de ce que l’inconnu lui réserve!
L’inconnu fait peur, mais il fait grandir.
Quand tu apprends à vivre la vie une journée à la fois, sans laisser ton imagination t’envahir de toutes sortes de scénarios éventuellement négatifs, tu te retrouves à avoir vécu une année entière en Afrique, sans même avoir vu le temps passer.
‘’La vie est une histoire formidable. Cependant, les gens ne réalisent pas toujours qu’ils en sont les auteurs et qu’ils peuvent l’écrire comme ils la veulent’’
-Le Why Café-
On Est Ensemble
LoVe
Mel-xox-
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