lundi 19 décembre 2011

L'union fait la force

Après quelques jours de recueillement, voir même de recul, voilà que je me sens prête à partager avec vous un évènement vécu la semaine passée.
Un évènement confrontant
mais combien touchant

Voilà qu’une réalité qui m’était à présent inconnue
 a surgit de plein fouet  au village
….


Tout d’abord, beaucoup de gens m’ont touché droit au cœur depuis mon arrivée sous le ciel de Mouda!
Mais j’ai particulièrement beaucoup d’attachement pour mon petit voisin Lakdé.

Lakdé  est présent à mes côtés depuis ma première journée au village. C’est ce petit bonhomme de 20 ans qui puise mon eau, qui répare mon vélo, qui passe beaucoup de temps avec moi et qui m’invite également à tous les dimanches soir à me joindre à sa petite famille pour le repas familial.
 Lakdé a 4 frères et trois sœurs, mais comme ses sœurs sont mariées et  n’habitent pas au village,  la famille est  toujours tellement enchantée par ma présence quotidienne à ses côtés.


Voilà qu’un bon matin, alors j’écoutais  ma meilleure musique, le cœur en paix, Lakdé vient me chercher, les larmes dans les yeux. Il me dit que son petit  papa ne va pas bien du tout.
 Il faut préciser que depuis 2 semaines, de drôles de symptômes avaient fait leur apparition dans le ventre du papa .

C’est sans perdre une minute que je me dirige vers la maison de Lakdé, sans savoir ce qui m’attendait.

Le petit papa était couché au sol, souffrant...  et refusait catégoriquement de suivre qui que ce soit en direction de l’hôpital  de Maroua.
 Ici, c’est très difficile pour l’orgueil  de laisser paraître la maladie. Également, la pauvreté fait en sorte que si la maladie frappe, la famille doit vendre le mil et les animaux pour payer les soins médicaux, ce qui cause l’extrême pauvreté et également la famine.
Les gens attendent donc d’être en grande souffrance avant d’aller se faire soigner. Et comme la maladie n’attend pas, elle continue de progresser et a déjà fait beaucoup de ravage lorsque le malade arrive à l’hôpital.

Ce matin-là, 25 membres de la famille sont présents autour du papa et tous tentent désespérément  de  convaincre celui-ci d’embarquer sur la moto en direction de l’hôpital.
C’est sans réfléchir qu’en voyant la scène,   je m’agenouille et  je prends la main du papa de Lakdé, sans dire un mot.

 Il a les yeux fermé, mais je peux voir une larme couler sur sa joue
Il fût difficile pour moi à ce moment précis de cacher mes émotions
J’ai tout fait également pour ne pas croiser le regard de Lakdé
 J’ai  parlé à mon voisin en lui tenant la main durant 35 minutes,
 sous tous ces petits yeux remplis d’inquiétude.

Cette scène restera gravée à jamais dans ma mémoire

Le papa n’a pas dit un son…mais  il a finalement décidé de s’asseoir afin qu’on l’amène à l’hôpital.
 On l’a lavé et on lui a mis des vêtements propres.
Lakdé et son grand frère Sali  sont donc partis avec leur papa, sur la moto, en direction de l’hôpital, au grand soulagement de tous les gens réunis chez la petite famille.

Ce matin-là, les gens m’ont beaucoup remercié…Je savais également que sans ma présence, la maladie aurait probablement emporté mon cher voisin.

J’ai délaissé mon travail dans les écoles afin d’accompagner la famille durant 2 journées entières à l’hôpital, car le papa acceptait de boire et de manger seulement si c’était moi qui lui demandais.

 Mais voilà que lundi matin, alors que les membres de la famille de reposaient à l’extérieur de la pièce, Dieu a décidé d’apaiser les souffrances du papa.
 C’est avec sa main dans la mienne qu’il est allé rejoindre les étoiles de l’Afrique.

Toute ma vie je me souviendrai du sentiment qui m’a envahi au moment de son décès
Mon cœur n’avait encore jamais ressenti de telles émotions



Lakdé est venu me rejoindre quelques instants après le décès de son papa. En constatant que celui-ci ne respirait plus, mon petit voisin s’est effondré, ce  qui a alerté les autres membres de la famille.
 Devant cette scène, je n’ai pu retenir mes larmes et mes tremblements.  


Lorsque mon regard a croisé celui de Sali , celui-ci me regarde et me dit;

‘’On va supporter. Dieu en a décidé ainsi. ‘’

C’est en essuyant mes larmes que je demande à Sali;

’Mais, tu ne pleures pas toi Sali? Tu supportes sans pleurer?
 Vous les africains, vous êtes forts…’’

‘’Mélanie, si je pleure, qui prendra soin de ma famille? Qui prendra les choses en main? Qui s’occupera de mon papa jusqu’à la mise en terre?
Crois-tu être assez forte pour faire comme moi?
 Crois-tu être assez forte pour retenir tes larmes jusqu’au village?
Crois-tu être assez forte pour  jouer le rôle  de l’homme aux côtés de Lakdé,
 afin de prendre soin de son cœur?

C’est sans hésiter que j’ai répondu par l’affirmative.
Je donnerais tout pour aider du mieux que possible ces petits anges d’Afrique…

Je suis revenue au village en moto avec un ami, alors que la famille nous suivait par derrière en voiture…accompagnée du corps du défunt.
Lakdé était aux côtés de son papa.

Avant même notre arrivée au village, la nouvelle avait déjà été propagée.
 J’avais peur  de voir la scène qui m’attendait .
 J’avais peur car 2 jours auparavant, la maladie a également fait mourir un jeune papa à Mouda.
Dieu a apaisé les souffrances de 2  de mes voisins…en 3 jours…
J’ai donc appris qu’ici, quand la mort frappe , toutes les femmes du village et  des villages voisins se réunissent en pleurant et en criant.
 C’est d’une manière désespérée  qu’elles demandent à  Dieu de les délivrer du mal et de les protéger du malheur.
  Les hommes doivent cependant être très forts.
On tente de retenir nos larmes, mais c’est parfois impossible.
Nous sommes solidaires…nous pleurons ensemble…et ce, pendant des jours.

C’est donc  la scène que j’ai vue, pour une 2ème fois en 3 jours, lors de notre arrivée à Mouda .
Comme je suis très proche de la famille, je n’ai eu d’autres choix que d’être présente aux côtés de cette petite famille, et ce , durant les jours qui ont suivis le décès.

Avant de descendre le corps de la voiture,
 Sali a parlé à tous les gens qui s’étaient réunis autour de la petite maison de paille…
Sans les avoir tous compté, je peux les estimer au nombre de 100 …
C’était tellement beau à voir…

 ‘’Mes frères, mes sœurs…Dieu a décidé d’apaiser les souffrances de notre père. 
Mon père a fait son temps sur la terre. Il s’excuse de ne pas avoir eu le temps de vous dire au revoir.  Cependant, il nous voit présentement et il n’a pas envie de nous voir crier ou pleurer. Nous allons tous mourir.
C’est le destin.
On doit être forts et se supporter à travers cette épreuve.  ‘’


Sali était d’un calme déconcertant….pendant que Lakdé était en grande souffrance.
 Voir mon petit Lakdé inconsolable m’arrachait le cœur
 Je ne savais où me placer
….
Je ne savais comment agir

J’ai su comment agir quand Sali est venu me voir pour me demander de prendre des photos de tous les gens réunis autour des feux….des photos également de son petit papa couché dans son lit, bien habillé et parfumé. 
 C’est aux sons des louanges chantés par tous les gens réunis que j’ai également assisté Sali lorsque celui-ci a cloué le cercueil, pour ensuite procéder à la mise en terre, où seuls les hommes participent, pendant que les femmes restent auprès de la veuve.

C’est devant une centaine de personnes réunis ensemble, autour des feux, que j’essuyais mes larmes . Les gens me connaissent maintenant…Il n’y a plus aucune frontière entre eux et moi…
Pleurer devant eux est comme si je pleurais devant ma propre famille.

Beaucoup d’émotions difficilement gérables dans mon petit cœur
Au Québec, c’est souvent à la morgue que ce déroulent la plupart des scènes auxquelles j’ai participé ici.
En Afrique, la mort n’effraie pas les gens…Elle fait partie de la vie.
On garde également le corps  du défunt quelques heures à la maison le temps de se recueillir.

C’était si émouvant de constater à quel point l’union fait la force
La solidarité, l’entraide et l’amour sont des valeurs omniprésentes dans le cœur du peuple Africain.


Après 5 jours de deuil, les gens étaient toujours présents autour des feux…sous la lumière du jour comme sous les étoiles.
 Ils demeurent toute la nuit à l’extérieur, à prier et à chanter des chants religieux afin d’apaiser les souffrances de la famille.

 C’est ainsi que j’ai passé les dernières nuits
Couchée au sol, réchauffée par le feu
 Main dans la main avec , une nuit Lakdé
 L’autre nuit, sa petite maman
..

Nous avons célébré les funérailles mercredi au village.
 Durant les funérailles, personne ne pleure.
On doit clôturer le tout en beauté.
Afin de bien nourrir tous les gens réunis, mes voisins ont égorgé beaucoup de chèvres et de moutons.
 Les femmes ont également préparées beaucoup de vin de mil,
au plus grand bonheur de tous ;-)

Cette journée fût donc remplie de belles discussions, de belles rencontres et de fous rires .


J’ai fais développer les photos de l’évènement…que nous avons placé à l’entrée de la petite maison de paille… en guise de lieu de recueillement.

Alors qu’au Québec, on doit rejoindre le travail après 3 jours de deuil,  ici, le travail sait attendre, et ce, malgré le fait que tout le monde sait que les récoltes risquent de se perdre si elles ne sont pas cultivées. 

On prend soin du cœur de l’être humain avant tout.
….

L’Afrique m’apprend beaucoup
L’être humain mérite qu’on prenne le temps de le connaître…de l’apprivoiser…doucement…sans jugement…et ce, que  la couleur de sa peau soit noire ou blanche.
Ce qui nous différencie, ce sont nos différences culturelles, auxquelles chacun d’entre nous est très bien capable de s’adapter. 
 Personne n’a choisi le ciel sous lequel nous sommes nés.

Mais chacun d’entre nous est né avec un cœur rempli d’amour
Ces petits anges me démontrent bien à quel point l’amour peut rendre vivant
….
À quel point l’amour donne un sens à la vie


En cette période de noel et à la veille de la nouvelle année 2012, je vous souhaite de vivre des scènes semblables aux scènes qui se déroulent sous les étoiles de Mouda.

Nous avons tous autour de nous  des gens qui nous sont chers , qu’on parle de nos enfants, de notre famille ou de nos amis.
Peut importe  notre statut, peut importe nos  moyens financiers, peut importe l’état de notre santé, peut importe notre culture,
 l’amour  donne un sens à la vie.

C’est avec tout l’amour que je reçois ici en cadeau que je vous transmet mes meilleurs vœux en cette période du temps des fêtes.
 Prenez soin de vous
et de ceux qui vous entourent
...
 Je vous aime très fort.

-We Are Together-
Mel
-xoxox-


jeudi 8 décembre 2011

Que d'amour sous le ciel de Mouda!

Lorsque j’ai versé des larmes la semaine dernière en conversant avec les autres volontaires sur nos éventuels départs hors pays, aucun d’entre eux ne semblait comprendre pourquoi j’étais si triste à l’idée de quitter à jamais Mouda et ses habitants.
Nous sommes tous en train de vivre nos aventures d’Afrique dans des villages différents. Certains villages où les volontaires œuvrent  n’abritent que des gens musulmans, où les femmes  voilées restent dans leur maison jours et nuits, au service de l’homme. D’autres placements sont en ville. D’autres placements également ne se marient pas avec la personnalité du volontaire.
Chaque cas est unique.

Vivre à Mouda est unique au monde

Ce village est très chrétien…  Une prière est faite avant chaque repas et dieu nous aide à traverser  les épreuves quotidiennes.

Parlant d'épreuve, Mouda est en deuil au moment d'écrire ses lignes. Les derniers jours ont été très émouvants pour tous. Mon prochain blog tentera donc de vous faire comprendre à quel point l'entraide et la solidarité donnent de la force à l'être humain.
 On a beaucoup à apprendre de l'Afrique..
...

Donc,fait à noter également; Mouda est une grande famille.

Ici, plusieurs hommes sont polygames. Les enfants représentent la richesse. Avoir beaucoup d’enfants veut dire avoir  une grande main d’œuvre pour cultiver les champs en brousse. Les femmes peuvent donc avoir jusqu’à 15 enfants. Ces mêmes  enfants grandissent, tombent en amour, se marient et ont à leur tour beaucoup d’enfants.
Tous les gens du village ont donc le même sang et à chaque nom sa signification.

Par exemple;
Aboya= Mon image     Waby= Tu marqueras les gens qui te verront
Sinkoum= Du courage

À la naissance, les parents se consultent et choisissent ensemble le nom de l’enfant, selon les circonstances.

Afin que mes amis volontaires soient  en mesure d’avoir une empathie justifiée en voyant mes larmes lors de nos discussions, je l’ai inviterai prochainement chez moi , à Mouda .Ils pourront ainsi voir de leurs propres yeux le petit paradis qui m’abrite depuis septembre dernier.

Comme je suis maintenant totalement intégrée à ce petit village de brousse, c’est sans aucun filtre que je me permets d’être moi-même dans mes actions quotidiennes .
J’ai eu la chance d’avoir comme cadeau à ma naissance cette folle passion pour la vie, cette capacité de vivre chaque moment comme s’il était le dernier, avec le plus grand sourire qui m’est possible de partager.…
J’ai eu la chance également  de faire ma mission humanitaire sous les étoiles de Mouda, où la joie de vivre fait vibrer les cœurs.
Les passions des gens du village sont les mêmes que les miennes, soit la passion pour la danse et la musique, fous rires à tous moments, pour tout et pour rien, dépendant du nombre d’heures dormis la veille;-)

Depuis 3 semaines cependant,
l’ambiance de Mouda n’est plus la même.

Que s’est -il passé?

 Un soir, alors que j’écoutais ma musique plus forte qu’à l’habitude, plusieurs enfants sont venus chez moi. Bien que les gens savent maintenant à quel point j’ai besoin de danser ma vie, je me suis risqué à monter le volume d’un cran …J’ai accroché ma lampe frontale tout en haut d’un pilier de bois servant à faire tenir ma clôture de paille. Je me suis mise à danser en frappant des mains avec les enfants présents devant moi.
Le soleil venait de se coucher. La lune et les étoiles sont sorties, au même moment où , un à un, les gens du village, toutes catégories d’âge confondues, sont arrivés chez moi.
La scène m’a fait penser aux bébés chatons qui accourent s’abreuver lorsqu’un bol de lait chaud est déposé au sol.

À défaut qu’ici,  les chatons sont les habitants de Mouda et le bol de lait chaud,  la musique;-)

La musique, la danse et le rire ont toujours su faire vibrer mon cœur, et voilà que j’ai réussi à transmettre, sinon partager, mes passions avec ces anges de Mouda.
Cette soirée-là, j’ai transformé ma simple petite cours de paille en réelle’’ boîte de nuit’’.
 Nous avons dansé jusqu’à 11h pm.
Le ‘’Zouk’’, cette douce musique d’origine antillaise , est très populaire ici. Il est donc évident que j’ai ces chansons dans mon répertoire. Le  sens du rythme est quelque chose d’inné pour ces gens d’Afrique.  Les gens étaient donc impressionnés de constater que la petite canadienne savait danser le ‘’Zouk’’, moi qui ai dû prendre 2 ans de cours de danse pour savoir comment bouger.
Le Zouk est une musique sensuelle qui se danse à deux. Beaucoup de fous rire se sont fait entendre ce soir-là lorsque nous étions forcé de constater à quel point la timidité de danser deux à deux  nous paralysait.
J’ai donc proposé que les filles dansent avec les filles, et les garçons avec les garçons.
Mon idée fût acceptée!!
Quelle soirée, totalement improvisée…!!
C’est donc avec le plus grand  des plaisirs que je transforme maintenant ma cours en ‘’boîte de nuit’’ presqu’à tous les soirs!!!


Cette nouvelle ambiance de fête a immanquablement fait dévier la  trajectoire que j’avais  prévu d’emprunter pour les vacances du temps des fêtes;
Initialement, je devais fêter noël et la nouvelle année dans le sud du Cameroun , Limbe plus précisément,  avec les autres volontaires.

 Mais ici, depuis environ un mois,  les gens demandent à Dieu  que je sois présente à
’’ La Fête de la famille’’.

Cette fête se déroulera dans le village de Mouda le 2 Janvier prochain. C’est une tradition à chaque année  au village que de célébrer tous ensemble cette fête, au son des tams-tams  .  Tous les habitants seront vêtus avec le même  habit.
 La danse, accompagnée du vin de mil, endiablera alors  le village jusqu’au petit matin!!

Alors que je me repose un soir en écrivant ce blog, mon  cher  voisin cogne à ma porte, et ouvre celle-ci en disant;
‘’ Mélanie, viens avec moi. Des gens veulent te parler.’’

À peine sortie de ma petite cours de paille que  j’aperçue la scène suivante;

Tous les gens du village étaient assis à même le sol, devant ma maison.
 Une chaise blanche avait été déposée devant eux. On m’invite à m’y asseoir.
Mon ami s’asseoit à mes côtés, question de traduire ce que la dame la plus âgée du village s’apprêtait à me dire en ‘’Guiziga’’.

La traduction allait comme suit;
Mélanie, nous tous ici présents avons une grande faveur à vous demander.
Si vous êtes d’accord bien sûr, nous aimerions que vous soyez présente lors de notre grande fête le 2 janvier prochain.
La raison est la suivante; Nous aimerions que vous nous filmiez en train de vivre au village.
Sur la vidéo, nous allons nous présenter un à un.
Waby va préparer le vin, Bada va cueillir le coton, Sali va couper le bois, les enfants iront puiser l’eau, les femmes prépareront le repas du soir.

Nous voulons ensuite trouver le moyen de mettre les scènes sur un disque.
C’est le cadeau de départ que nous avons envie de vous donner. Nous allons ainsi tous repartir avec vous dans l’avion vers votre  pays.
Vous allez  aussi pouvoir montrer votre  famille de Mouda à votre famille au Canada.
Et nous garderons  une copie de ce disque
en souvenir de vous.

C’est aussi une façon pour nous de vous garder à jamais dans notre famille.
...
Sans vous,
Mouda  ne sera
 plus jamais Mouda
C’est en toute humilité que, devant ces gens réunis devant moi, j’ai essuyé mes larmes, en leur promettant de faire tout en mon possible pour réaliser ce  montage sur DVD avant mon départ.




Également, comme je suis habituée d’être entourée d’amour lors du décompte vers la nouvelle année, j’ai décidé  de venir célébrer le passage vers 2012, ici, sous les étoiles de Mouda.
Je sais que ces anges prendront soin de moi, comme je prendrai soin d’eux.

Fêter la nouvelle année en Afrique,  dans un petit village de paille
C’est une chance unique au monde
 À jamais, 2012 restera gravé
  dans mon coeur
dans leur coeur
dans nos coeurs
En terminant, j’ai envie de partager avec vous les paroles d’une balade qui joue à tous les soirs sous les étoiles de Mouda.

Cette balade s'intitule
''Dans tes yeux''
-Thierry Chan-

Je peux lire dans tes yeux l’immense envie de vivre
quelque chose de merveilleux.
 Le goût d’être libre.
Le jour qui se lève sur le plaisir d’exister,
toujours garder sur tes lèvres les mots qui font rêver.
Innocence absolue, de l’enfant qui sommeille en toi.
Dans le tourbillon de tes pensées, effacer les blessures du passé.
...
S’envoler tout droit vers l’avenir
le meilleur reste à venir
...
-Gros calins-
-On est ensemble-
-xoxoxox-
Mel
;-)

samedi 26 novembre 2011

Apprendre, sans jugement.

Il est 11h00 pm. Je m’apprête à écrire ce blog lorsqu’on cogne à ma porte. Après un moment de réflexion, je décide de laisser mon petit confort pour aller voir qui pouvait bien se tenir debout devant ma porte, si tard en soirée.
Moment de surprise et fous rires lorsque je découvre mon voisin, qui venait d’égorger sa poule , pour ensuite la faire cuire ,dans le but de la manger avec moi ce soir….11hpm…! ;-)

Vraiment, les jours se suivent et ne se ressemblent pas
mais alors  pas du tout!!

C’est ce même voisin qui m’a dit un soir;
‘’ Mais tu sais Mélanie, la lune est intelligente, elle sait compter.
Elle doit aussi éclairer les gens qui mangent dans les autres pays!!‘’

En réponse à ma question;
‘’ Mais pourquoi la lune nous éclairait  à 19h la semaine passée et maintenant elle nous éclaire seulement  à 22h?’’ 

J’aime tellement être éclairée par la lune que j’avais alors oublié qu’il arrivait à la terre de faire des rotations  ;-)

Tout comme j’avais oublié à quel point les gens font tout pour trouver la nourriture lorsqu’un soir, revenant à la maison sur la moto, j’aperçu devant moi cette montagne… en feu!!
  Le feu a été allumé par un homme qui tentait de traquer une souris. Pensant avoir trouvé une super tactique pour encercler la souris, il a plutôt su enflammer la  montagne entière,
 au plus grand désarroi des paysans des environs qui avait besoin de ces herbes pour vendre ou/et  pour fabriquer la toiture de leur maison.
  Quel spectacle dans la noirceur!!!

C’est à ce moment précis que j’ai remercié le ciel , une fois de plus, de me faire vivre ces superbes aventures d’Afrique…

Ces aventures qui , d’ailleurs, sont  de plus en plus marquées par l’intensité!
Trois mois après mon arrivée,
 je ne peux parler de mon éventuel départ sans verser de larmes.

J’ai tant de choses à écrire …
tant de choses que j’aimerais partager avec vous…
tout en sachant  pertinemment qu’aucun écrit ne saura vraiment décrire à quel point la vie à Mouda unique au monde….



Vivre en Afrique veut aussi dire apprendre une nouvelle culture et savoir s’intégrer à celle-ci du mieux qu’on le peut.

Depuis mon arrivée au village,j’ai toujours su gagner le respect
de ma nouvelle ‘’famille’ ’d’accueil …

En mangeant avec eux...et comme eux...
En parlant le français de façon articulé…
                                                   En apprenant le dialecte parlé, soit le Guiziga…
En acceptant de comprendre le pourquoi des choses à la place de juger…


Mais cette semaine, la honte a eu le dessus sur mes bonnes manières;

Nous sommes vendredi. Il est midi.
Je seconde  l’animation d’une réunion dans une école avec mon partenaire Aminou.
40 mères de familles ne parlant que le Guiziga ainsi que  l’inspecteur de l’école nous entourent.
J’anime en français et Aminou traduit le tout en Guiziga
La réunion, qui devait avoir lieu à 8h am , a finalement su débutée à 11h30.
 L’heure est élastique en Afrique;-)

Cependant, comme plusieurs de mes proches le savent déjà, mon petit corps se doit d’être  alimenter à des heures régulières, sinon,
 l’hypoglycémie laisse ses traces sur mon caractère et mon énergie.

Le réel problème ici;

Il est honteux pour les gens d’ici de mentionner qu’on a faim. On doit tolérer la faim jusqu’à ce que le moment de manger se présente. Et les gens de se plaignent pas.
Se plaindre de douleur, de peine, ou de faim est signe de faiblesse  .

 Mon voisin m’a d’ailleurs déjà mentionné un soir ;
’’ Tu as mal parce que tu es ‘nassara’. Nous les africains, nous pouvons tout supporter.
Et lorsque nous  souffrons , nous souffrons dans le silence’’

Ce vendredi-là, j’ai  su respecter la coutume……… jusqu’à 13h…!;-)

Comme je ne pouvais laisser me permettre de laisser paraître mon changement drastique de caractère devant ces gens, les larmes se sont chargées de faire le travail. Vient un temps où , si je n’écoute pas mon corps,  mon caractère change, et j’ai peine à contrôler mes émotions.
J’avais trop attendu.
 J’ai alors cessé l’animation en disant que je devais quitter les lieux, sinon, c’était la perte de conscience. Je devais manger. 
Mes larmes ont fait rire quelques femmes. 
Ici,  on ne pleure pas…et tout ‘’drame ‘’ est rapidement dédramatisé par le rire.

Mais cette fois, je n’ai su trouver l’énergie pour afficher un sourire sur mon visage.
Et d’ailleurs, à ce moment précis, j’étais  très loin de trouver quoi que ce soit drôle.
Voyant que personne ne m’avait ‘’pris au sérieux’’, je suis sorti de la salle de classe .
  C’Est à ce moment qu’Aminou et les 40 femmes présentes  ont mis terme à la rencontre pour se diriger , d’un pas des plus  alerte qui m’est été donné de voir jusqu’à présent, vers la plus proche maison d’une des mamans présente à la rencontre.
 Les femmes ont préparées la  nourriture pour moi et Aminou  , ainsi que pour toutes les personnes présentes sur les lieux du ‘’drame’’ !


Après avoir reparlé de l’évènement avec Aminou, j’ai compris la réaction des femmes.
C’est donc dire qu’à moins d’être en train de mourir,
 la maladie et les malaises n’empêchent personne de fonctionner ici…
à l’exception des ‘’nassaras’’…;-)

Les ‘’nassaras’’ sont d’ailleurs perçus comme signe de richesse monétaire.  Lorsque je vais en ville, il est plus que fréquent de tenter de me faire payer plus cher différents articles, ou encore de me faire demander , sans aucun malaise d’ailleurs, quelques Francs cfa ( devise Camerounaise). C’Est d’ailleurs sans aucune malice que les gens se risquent à la demande.

Contrairement à un voyage touristique, ce voyage humanitaire me permet maintenant de me sentir chez moi ici, en Afrique. Je me sens  dorénavant très à l’aise lorsque vient le temps de m’exprimer …que je sois en accord ou en désaccord .
  J’ai appris à connaître la culture, les coutumes, la façon de dire les choses, la façon d’interpréter les dits et les non-dits, ainsi que ce qui est acceptable ou non.

Il est très facile de juger lorsqu’on vit au Québec et que nous n’avons même aucune idée de comment se passe la vie sous le ciel de l’Afrique.
Il s’agit d’une ‘’autre planète’’ …Il s’agit d’une culture qui  s’oppose catégoriquement à la culture dans laquelle j’ai grandi…à tous niveaux.

Je suis maintenant en mesure de comprendre pourquoi les inconnus me demandent de l’argent ou des cadeaux.
Je suis maintenant en mesure de comprendre pourquoi les gens d’ici tombent facilement en amour avec la nassara.
Je suis en mesure de comprendre pourquoi les gens  rêvent de marier la canadienne et de venir vivre au Canada.
Le rêve rend les gens vivant ici. La vie est difficile. On lutte à chaque jour pour notre survie.

Partir au Canada représente une porte de sortie vers un nouveau monde…
Un monde où l’eau est potable, un monde où les habitants ont accès à la technologie, un monde où la famine n’existe pas.


Un ami m’a dit un soir;
’’ Pourquoi je ne suis pas un vrai homme, pourquoi je suis né ici, sous le ciel du Cameroun, pourquoi je ne peux pas vivre dans le monde que l’on voit dans la télévision?’’


Après tant de rencontres, tant de discussions, tant de réflexions, ces comportements, qui m’insultaient royalement à mon arrivée, me font maintenant sourire;-)
Parce que j’ai saisi que le tout est fait sans aucune malice.
J’ai saisi que c’est en prenant le temps de discuter quelques instants avec la personne qu’on apprend à la connaître, et à connaître ses intentions.


Nous avons trop souvent des idées faussement préconçues ainsi qu’un jugement trop rapide.
Le peuple africain est un peuple attachant qui adore rire et danser.  
Une joie de vivre incroyable fait vibrer corps et âmes.
Ce qui rend le travail tellement agréable ici.

 J'entrerai très prochainement dans les détails du travail que je fais ici. Il y a beaucoup à faire.
 Je comprend maintenant pourquoi on nous propose des missions de 2 ans.
Dans toutes les sphères, les gens d'ici ont besoin des ONGs
 pour les aider à développer ce magnifique pays qu'est le Cameroun.
-Animation dans les classes avec ces souriants petits anges, formation pour ces enseignants tellement dévoués, formation pour les parents, rencontres avec les élites religieuses afin de nous aider à mobiliser la population...

La vie m'a toujours passionnée.
et elle me passionne davantage depuis que je vis ce rêve d'Afrique
Mes prochains écrits tenteront de vous faire comprendre pourquoi
je suis si heureuse, si comblée.

La vie nous est prêtée...
à tous et chacun de nous de voir comment on la meuble, comment on en profite.
;-)

 ''Tu dois vivre dans le présent,
 te lancer au-devant de chaque vague,
trouver ton éternité à chaque instant''
-Henry David Thoreau-

Gros calin d'Afrique
-xox-
Mel