samedi 26 novembre 2011

Apprendre, sans jugement.

Il est 11h00 pm. Je m’apprête à écrire ce blog lorsqu’on cogne à ma porte. Après un moment de réflexion, je décide de laisser mon petit confort pour aller voir qui pouvait bien se tenir debout devant ma porte, si tard en soirée.
Moment de surprise et fous rires lorsque je découvre mon voisin, qui venait d’égorger sa poule , pour ensuite la faire cuire ,dans le but de la manger avec moi ce soir….11hpm…! ;-)

Vraiment, les jours se suivent et ne se ressemblent pas
mais alors  pas du tout!!

C’est ce même voisin qui m’a dit un soir;
‘’ Mais tu sais Mélanie, la lune est intelligente, elle sait compter.
Elle doit aussi éclairer les gens qui mangent dans les autres pays!!‘’

En réponse à ma question;
‘’ Mais pourquoi la lune nous éclairait  à 19h la semaine passée et maintenant elle nous éclaire seulement  à 22h?’’ 

J’aime tellement être éclairée par la lune que j’avais alors oublié qu’il arrivait à la terre de faire des rotations  ;-)

Tout comme j’avais oublié à quel point les gens font tout pour trouver la nourriture lorsqu’un soir, revenant à la maison sur la moto, j’aperçu devant moi cette montagne… en feu!!
  Le feu a été allumé par un homme qui tentait de traquer une souris. Pensant avoir trouvé une super tactique pour encercler la souris, il a plutôt su enflammer la  montagne entière,
 au plus grand désarroi des paysans des environs qui avait besoin de ces herbes pour vendre ou/et  pour fabriquer la toiture de leur maison.
  Quel spectacle dans la noirceur!!!

C’est à ce moment précis que j’ai remercié le ciel , une fois de plus, de me faire vivre ces superbes aventures d’Afrique…

Ces aventures qui , d’ailleurs, sont  de plus en plus marquées par l’intensité!
Trois mois après mon arrivée,
 je ne peux parler de mon éventuel départ sans verser de larmes.

J’ai tant de choses à écrire …
tant de choses que j’aimerais partager avec vous…
tout en sachant  pertinemment qu’aucun écrit ne saura vraiment décrire à quel point la vie à Mouda unique au monde….



Vivre en Afrique veut aussi dire apprendre une nouvelle culture et savoir s’intégrer à celle-ci du mieux qu’on le peut.

Depuis mon arrivée au village,j’ai toujours su gagner le respect
de ma nouvelle ‘’famille’ ’d’accueil …

En mangeant avec eux...et comme eux...
En parlant le français de façon articulé…
                                                   En apprenant le dialecte parlé, soit le Guiziga…
En acceptant de comprendre le pourquoi des choses à la place de juger…


Mais cette semaine, la honte a eu le dessus sur mes bonnes manières;

Nous sommes vendredi. Il est midi.
Je seconde  l’animation d’une réunion dans une école avec mon partenaire Aminou.
40 mères de familles ne parlant que le Guiziga ainsi que  l’inspecteur de l’école nous entourent.
J’anime en français et Aminou traduit le tout en Guiziga
La réunion, qui devait avoir lieu à 8h am , a finalement su débutée à 11h30.
 L’heure est élastique en Afrique;-)

Cependant, comme plusieurs de mes proches le savent déjà, mon petit corps se doit d’être  alimenter à des heures régulières, sinon,
 l’hypoglycémie laisse ses traces sur mon caractère et mon énergie.

Le réel problème ici;

Il est honteux pour les gens d’ici de mentionner qu’on a faim. On doit tolérer la faim jusqu’à ce que le moment de manger se présente. Et les gens de se plaignent pas.
Se plaindre de douleur, de peine, ou de faim est signe de faiblesse  .

 Mon voisin m’a d’ailleurs déjà mentionné un soir ;
’’ Tu as mal parce que tu es ‘nassara’. Nous les africains, nous pouvons tout supporter.
Et lorsque nous  souffrons , nous souffrons dans le silence’’

Ce vendredi-là, j’ai  su respecter la coutume……… jusqu’à 13h…!;-)

Comme je ne pouvais laisser me permettre de laisser paraître mon changement drastique de caractère devant ces gens, les larmes se sont chargées de faire le travail. Vient un temps où , si je n’écoute pas mon corps,  mon caractère change, et j’ai peine à contrôler mes émotions.
J’avais trop attendu.
 J’ai alors cessé l’animation en disant que je devais quitter les lieux, sinon, c’était la perte de conscience. Je devais manger. 
Mes larmes ont fait rire quelques femmes. 
Ici,  on ne pleure pas…et tout ‘’drame ‘’ est rapidement dédramatisé par le rire.

Mais cette fois, je n’ai su trouver l’énergie pour afficher un sourire sur mon visage.
Et d’ailleurs, à ce moment précis, j’étais  très loin de trouver quoi que ce soit drôle.
Voyant que personne ne m’avait ‘’pris au sérieux’’, je suis sorti de la salle de classe .
  C’Est à ce moment qu’Aminou et les 40 femmes présentes  ont mis terme à la rencontre pour se diriger , d’un pas des plus  alerte qui m’est été donné de voir jusqu’à présent, vers la plus proche maison d’une des mamans présente à la rencontre.
 Les femmes ont préparées la  nourriture pour moi et Aminou  , ainsi que pour toutes les personnes présentes sur les lieux du ‘’drame’’ !


Après avoir reparlé de l’évènement avec Aminou, j’ai compris la réaction des femmes.
C’est donc dire qu’à moins d’être en train de mourir,
 la maladie et les malaises n’empêchent personne de fonctionner ici…
à l’exception des ‘’nassaras’’…;-)

Les ‘’nassaras’’ sont d’ailleurs perçus comme signe de richesse monétaire.  Lorsque je vais en ville, il est plus que fréquent de tenter de me faire payer plus cher différents articles, ou encore de me faire demander , sans aucun malaise d’ailleurs, quelques Francs cfa ( devise Camerounaise). C’Est d’ailleurs sans aucune malice que les gens se risquent à la demande.

Contrairement à un voyage touristique, ce voyage humanitaire me permet maintenant de me sentir chez moi ici, en Afrique. Je me sens  dorénavant très à l’aise lorsque vient le temps de m’exprimer …que je sois en accord ou en désaccord .
  J’ai appris à connaître la culture, les coutumes, la façon de dire les choses, la façon d’interpréter les dits et les non-dits, ainsi que ce qui est acceptable ou non.

Il est très facile de juger lorsqu’on vit au Québec et que nous n’avons même aucune idée de comment se passe la vie sous le ciel de l’Afrique.
Il s’agit d’une ‘’autre planète’’ …Il s’agit d’une culture qui  s’oppose catégoriquement à la culture dans laquelle j’ai grandi…à tous niveaux.

Je suis maintenant en mesure de comprendre pourquoi les inconnus me demandent de l’argent ou des cadeaux.
Je suis maintenant en mesure de comprendre pourquoi les gens d’ici tombent facilement en amour avec la nassara.
Je suis en mesure de comprendre pourquoi les gens  rêvent de marier la canadienne et de venir vivre au Canada.
Le rêve rend les gens vivant ici. La vie est difficile. On lutte à chaque jour pour notre survie.

Partir au Canada représente une porte de sortie vers un nouveau monde…
Un monde où l’eau est potable, un monde où les habitants ont accès à la technologie, un monde où la famine n’existe pas.


Un ami m’a dit un soir;
’’ Pourquoi je ne suis pas un vrai homme, pourquoi je suis né ici, sous le ciel du Cameroun, pourquoi je ne peux pas vivre dans le monde que l’on voit dans la télévision?’’


Après tant de rencontres, tant de discussions, tant de réflexions, ces comportements, qui m’insultaient royalement à mon arrivée, me font maintenant sourire;-)
Parce que j’ai saisi que le tout est fait sans aucune malice.
J’ai saisi que c’est en prenant le temps de discuter quelques instants avec la personne qu’on apprend à la connaître, et à connaître ses intentions.


Nous avons trop souvent des idées faussement préconçues ainsi qu’un jugement trop rapide.
Le peuple africain est un peuple attachant qui adore rire et danser.  
Une joie de vivre incroyable fait vibrer corps et âmes.
Ce qui rend le travail tellement agréable ici.

 J'entrerai très prochainement dans les détails du travail que je fais ici. Il y a beaucoup à faire.
 Je comprend maintenant pourquoi on nous propose des missions de 2 ans.
Dans toutes les sphères, les gens d'ici ont besoin des ONGs
 pour les aider à développer ce magnifique pays qu'est le Cameroun.
-Animation dans les classes avec ces souriants petits anges, formation pour ces enseignants tellement dévoués, formation pour les parents, rencontres avec les élites religieuses afin de nous aider à mobiliser la population...

La vie m'a toujours passionnée.
et elle me passionne davantage depuis que je vis ce rêve d'Afrique
Mes prochains écrits tenteront de vous faire comprendre pourquoi
je suis si heureuse, si comblée.

La vie nous est prêtée...
à tous et chacun de nous de voir comment on la meuble, comment on en profite.
;-)

 ''Tu dois vivre dans le présent,
 te lancer au-devant de chaque vague,
trouver ton éternité à chaque instant''
-Henry David Thoreau-

Gros calin d'Afrique
-xox-
Mel

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