dimanche 21 octobre 2012

L'amour n'a pas de frontière

21 octobre 2012...
Journée grise d'automne, odeur de feu de foyer à l'extérieur, verre de vin blanc en main, le tout accompagné d'une de mes chansons préférées et d'une grosse couverture chaude.
 
Comment se sent-on, 2 mois et demi après avoir débarqué de Air Canada à l'aéroport
 Montréal-Trudeau, suite à une année passée au village de Mouda, à vivre et travailler avec des êtres d'une profonde humilité?


Difficile à exprimer en si peu de mots, mais je peu affirmer par contre, que je suis en train de vivre une expérience unique. Chaque personne a son vécu, chaque personne parcoure le chemin qu'il a bien envie de parcourir. Malgré un retour difficile à gèrer, et sans savoir dans quel sens je m'enlignerai à la prochaine intersection, je peux vous dire que l'Afrique vient de changer le cours de mon passage sur notre petite planète.

 
 
 
Tout d'abord, je tiens à préciser qu'après avoir fait mes aurevoirs à mes amis de Mouda le 26 juin dernier, je suis allé passer un mois et demi avec un ange de Mouda,déménagé deux mois plus tôt, au sud du Cameroun, dans la grande ville portuaire de Douala plus précisement.
 
J'ai passé un agréable été. J'ai pu vivre une partie de la dite saison des pluies au Cameroun. Mon passage à Douala fût une autre expérience de vie ,
 qui, une fois de plus, était tellement unique à mes yeux.
 
À titre d'exemple, à 4h30 du matin, 3 jours après mon arrivée à Douala , on cogne à la porte de la chambre où l'on habite. Voulant aller ouvrir la porte, je me rend compte que j'ai de l'eau jusqu'au genoux. L'immeuble est complètement inondé. Prise de fous rires, car j'aime l'aventure d'une façon démesurée, je marche de peine et de misère dans l'eau pour rejoindre la sortie de l'immeuble où l'on dort. Impossible de sortir . Le courant d'eau, emportant des dizaines de bananiers sur son passage, bloque littéralement toute circulation. Je vous dis, j'avais vu cette scène seulement dans les films. Je me voyais maintenant en train de comprendre une réalité de plus , vécue par ces camerounais.
L'histoire s'est bien terminée pour nous, car la pluie avait cessée de pleuvoir en fin de journée, laissant la chance au courant de se dissiper tranquillement.
La malchance avait par contre cognée à la porte de plusieurs familles voisines, voyant un de leurs enfants se faire emporter par la crue des eaux, et voyant également leurs maisons totalement dévastées.
 
 
 
C'est à l'aéroport de Douala, le 9 aout 2012, que j'ai réalisé que je rentrais au Canada en laissant tellement derrière moi. Ayant passé mes 3 dernières journées la gorge nouée, à pleurer et angoisser dans les bras de mon ange préféré, le moment le plus difficile a été celui où le chauffeur de taxi est venu me chercher dans notre petite maison à Douala.

Embarquée dans le taxi, tous les enfants et leurs parents m'envoyaient la main.
Le soleil se couchait devant nous, et un magnifique Zouk nous transportait à l'aéroport de Douala. J'étais en train de vivre mes derniers moments sous le ciel du Cameroun. Les larmes coulaient sur nos joues. Collés l'un contre l'autre dans le taxi, mon ange et moi n'avions plus de mots. Les émotions nous empêchaient de se regarder, de se parler. Le silence valait tous les mots du monde.
C'est après avoir bu un verre ensemble au restaurant de l'aéroport
que les derniers aurevoirs se sont fait.
 
Les dernières paroles de mon ange préféré furent les suivantes;
''Mel, Sois forte et laisse la vie s'occuper de là où tu dois être. Faisons confiance à Dieu. Et je t'en pris, ne pleure pas en rejoingant ta famille, il vont penser que tu n'es pas heureuse de les retrouver. Ils ont besoin de toi et seront très fiers de te revoir parmi eux. Nous ici, nous ne t'oublierons jamais. Et nous allons prier Dieu qu'il te ramène en santé près des tiens.HAKUNA MATATA mel.


 
C'est ainsi que je pris la direction de la porte d'embarquement, sans savoir comment gèrer toutes ces émotions paradoxales qui m'envahissaient.
De revoir ma famille a mit un délicieux baume sur mon petit coeur.Malgré que les membres de ma famille n'étaient pas en mesure de me comprendre, ils étaient là à m'accueillir et pour m'entourer de leur amour.
Je pensais à mon petit ange, et je n'ai pas pleuré, je suis resté forte, la tête haute, fière de moi.
 
 
Le mois qui a suivit fût par contre difficile à gèrer. Je me suis trouvé un appartment, j'ai recommencé mon travail comme éducatrice spécialisée à l'école, je me suis trouvé un 2ème travail dans un foyer de groupe , de soir, pour occuper mes pensées, j'ai recommencé à danser la salsa et j'ai retrouvé mes chers amis.
Mais j'ai laissé ma joie de vivre et une partie de mon coeur au Cameroun.
 
Le plus difficile pour moi ici;
 
Le côté individualiste de notre société. Là où personne ne te salue lors de ton passage, personne ne te souris, personne ne te demande si ta santé va bien ou si tu as bien dormi.
Ici, les gens vivent avec leur petite famille, dans leur maison.
 
Si tu n'as pas de famille, j'espere que tu as des amis.
Autrement, tu te dois d'être bien dans ta beau et d'aimer ta propre compagnie.
 
Aussi, le rythme de vie tellement effréné a été difficile a reprendre pour ma part. Je ne parlais plus au même rythme que les autres, je ne marchais plus au même rythme non plus. Me planifier 3 choses dans ma journée fût un énorme défi au début.
 
Par contre, j'ai beaucoup apprécié me faire couler un bon bain d'eau chaude et relaxer avec un petit verre de vin blanc au retour.
Après m'être lavé au sceau une année entière à l'eau froide, et après avoir bu du vin de mil jusqu'en avoir des parasites intestinaux, j'appréciais beaucoup mon bain et mon vin préféré, soit le Kim Crawford, sauvignon.
 
Le premier mois, j'avais l'impression d'être seule avec mon histoire, seule avec mon rêve d'Afrique. Je ne voulais pas parler de mon aventure au Cameroun. Tout avait déjà été dit en cours d'année.
Maintenant,c'est différent. Plusieurs fois par jours, je réponds avec enthousiasme aux questions de mes amis, de mes collègues, des curieux tombés par hasard sur mon blog sur internet. Les gens sont très curieux et désireux d'en apprendre plus sur le continent africain et sur le comment ça se vit sur le terrain.
 
''Avec quel organisme tu es partis? Combien de temps? le plus facile? le plus difficile? tes plus beaux moments? ce que tu en retient? Veux tu repartir?Penses tu que je pourrais aussi réaliser un tel défi?Voudrais tu organiser une petite conférence pour nous donner des informations?''  
 
Oui, je compte bien organiser une conférence avec l'aide d'un ami après les fêtes. Je compte aussi parler de mon expérience aux jeunes en difficultés avec lesquels je travaille afin de les motiver et leur prouver que tout rêve est réalisable, à condition d'y croire de toutes ses forces.
 
 J'aimerais aussi, dans un futur rapproché, tenter de ramasser des fonds pour financer l'achat d'un forage pour Mouda et ses environs. Si quelqu'un peut me pister un peu sur les façons dont je pourrais amasser des fonds, s'il vous plaît me faire signe.
 Je suis nouvelle dans le domaine, mais très motivée et remplie d'espoir;-)
 
L'Afrique a besoin de nous tous. Et si vous voulez m'aider à aider ces petits anges de quelques façons de que ce soit, et bien vous faites moi signe ;-)
 
C'est avec l'organisme CUSO INTERNATIONAL(Cuso-vso auparavant)
 que j'ai pu réaliser ce rêve. Et je compte bien renouveler l'expérience très prochainement ;-)
 
 
Bref, après ces deux mois et demi à tenter de me recentrer, je suis en train de vivre une aventure tout aussi merveilleuse. Je suis en train d'apprendre et de comprendre que l'amour n'a pas de frontière, l'amour ne compte pas, et l'amour n'a pas de couleur non plus.

 Même si un océan me sépare du Cameroun et de mes petits anges de Mouda, et bien l'amour est plus que jamais présent dans nos coeurs.
 
À chaque semaine depuis mon arrivée, je parle avec mes amis au Cameroun
 Plusieurs ont des cellulaires, ce qui facilite la communication. Mouda va bien.
 J'ai aussi appris que la subvention que j'avais demandée auprès d'un organisme pour financer l'achat d'un Moulin pour écraser le mil a été acceptée. Le moulin a été construit dans le village voisin à Mouda. Les gens me remercie et sont heureux.
Mon histoire d'amour avec l'Afrique se poursuit encore aujourd'hui, 21 octobre 2012.
 
Vais-je aller passer mon été à Mouda? Retournerais-je aider les populations de l'Extrême-nord du Cameroun éventuellement? Tout ça reste à suivre.
 
Mais l'Afrique est dans mon coeur pour y rester,
et mon coeur me dit qu'il y aura peut-être une suite à cette histoire d'amour
entre l'Afrique et moi.
 
 
-Hakuna matata-
xoxoxox